Le projet de billettique pris en charge par Jidélec, sous la maîtrise d’œuvre du Conseil Général, cible à l’origine une prise en charge plus fluide des touristes qui déferlent dans les stations alpines. Avec le vote de la loi NOTRe en 2015 qui redistribue les compétences entre Départements et Régions, l’interopérabilité de la billettique aux plans interdépartemental et régional, ainsi que la prise en charge du transport scolaire, s’introduisent dans le projet.

Un meilleur service, et une baisse de la fraude.

En lançant son appel d’offres, la Collectivité formule le besoin de revoir son système traditionnel de vente des billets. La vente qui se fait à bord est alors à la charge des conducteurs dépendant de 17 compagnies locales qui desservent le territoire.
Pour remplacer l’achat unitaire auprès du conducteur à l’embarquement, il faudra permettre un achat de carnets, de pass ou de cartes en amont, soit via Internet, soit en tête de ligne sur des distributeurs automatiques à installer. L’objectif premier est de moderniser le service rendu aux usagers, notamment pour les vacanciers venus à l’assaut des stations de ski des Hautes-Alpes. Un pupitre embarqué permettra une validation automatique par les passagers, sans mettre à contribution le conducteur à chaque arrêt, pour désengorger les files d’attente à la montée, et contrôler la fraude. La billettique permettra également au Département d’avoir une meilleure lisibilité des ventes opérées par ligne, période, heure, grâce au recueil et à l’analyse des statistiques de vente de billets. Une analyse de trafic utile pour un marketing de l’offre à réinventer selon les comportements d’usages et les besoins de mobilité des différents types de publics.

Jidélec est retenu pour cet appel d’offres. Il répond en tant qu’intégrateur et chef de file sur l’ensemble du projet, avec un fournisseur de matériel spécialisé, son partenaire Metric.

24 lignes, 17 transporteurs, un maillage complexe du territoire

18 mois plus tard, le projet est passé en phase industrielle avec un parc de véhicules déjà équipé à moitié avec les valideurs. Les distributeurs automatiques de titres ont, quant à eux, été installés à tous les bouts de ligne, 24 lignes périurbaines, 8 cadencées et 16 saisonnières.

« Le déploiement physique de la solution embarquée à bord des cars, a été un véritable challenge car les flottes de nos compagnies sont hétérogènes, et leurs véhicules pas toujours à même d’accueillir un pupitre de contrôle », explique Corinne MERAND–LEPRETRE, Chef de service Déplacements au département des Hautes-Alpes.

Qui plus est, le département travaille avec rien moins que 17 transporteurs distincts sur le territoire, réunis au sein d’un groupement : les décisions ne s’appliquent pas de façon hiérarchique dans ce contexte organisationnel. Ce n’est pas avec une seule entité que le dialogue s’instaure, mais bien avec 17 PME locales, souvent familiales, 17 chefs d’entreprises, autant d’équipes de conducteurs. Tous ont une vision de leur métier, ils sont attachés à leurs prérogatives comme à leurs véhicules, et quand il faudra apporter des changements à l’aménagement intérieur (un pupitre vers le conducteur), ou extérieur (une antenne sur le toit), des résistances s’exprimeront, avant que ne soit accepté le changement technologique.

Un calendrier serré

Une fois Jidélec retenu dans le cadre du marché public, le projet lancé courant 2015 se fixe un calendrier serré, avec l’objectif d’un premier lancement opérationnel pour les vacances scolaires d’hiver (février 2016). Accueillir avec une billettique nouvelle génération, les vacanciers de février débarquant des gares et prenant les cars mis à leur disposition pour aller rejoindre les stations enneigées : l’enjeu est de taille puisque sur les 100 000 titres de transport vendus à l’année dans le département, 75% des recettes sont générées par les touristes.

« On ouvre la saison hiver à nouveau en cette fin 2016. On aura ainsi bientôt une première année de statistiques sur tout un exercice annuel », se réjouit Corinne MERAND–LEPRETRE, Chef de service Déplacements au département des Hautes-Alpes.

Un projet élargi

La réforme des régions, le nouveau découpage, et surtout l’évolution des attributions entre les différents échelons territoriaux, entraîne une nouvelle donne pour le transport de voyageurs. La loi NOTRe, promulguée en août 2015, bascule vers la Région la compétence « transport de voyageurs » et « transport scolaire », jusqu’alors placée sous la responsabilité des Départements.

« Le projet Billettique s’est élargi avec ce nouveau contexte réglementaire, il inclut en dernier ressort la dimension de l’interopérabilité Départements / Région des titres de transport en PACA. Le traitement et les échanges de données, les technologies pour y pourvoir, en sont impactés. Un avenant à l’appel d’offres a été signé, et Jidélec s’est doté d’un chef de projet Interopérabilité pour suivre ce nouveau dossier », explique Christian CARSAC, responsable du pôle Billettique chez Jidélec.

« Dans la région, et sur notre département, décision a été prise de basculer les compétences transport au 1er septembre 2017, compte tenu de la mixité des usages : certains cars prennent des voyageurs, d’autres des scolaires exclusivement, mais bien souvent, les cars servent aux deux types de publics au cours d’un même trajet. Nous en sommes au départage financier, dans le cadre de réunions interdépartementales au sein de la commission transport. Le volet technique démarrera à la suite », conclut Corinne MERAND–LEPRETRE

A noter – Promulguée le 7 août 2015, la loi NOTRe portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe) confie de nouvelles compétences aux régions et redéfinit clairement les compétences attribuées à chaque collectivité territoriale. Il s’agit du troisième volet de la réforme des territoires, voulue par le président de la République, après la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles et la loi relative à la délimitation des régions.